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Histoire(s) du château de Kerminy

Source : wikipédia

page de Rosporden

La seigneurie de Kerminihy, la seule dont le manoir était situé sur le territoire de la trève de Rosporden, contrôlait toute la partie nord de celle-ci ; son nom (“Minihi” signifie “Maison de moines” en breton) indique une probable fondation monastique ; le premier membre de cette seigneurie dont l'histoire a conservé quelque trace est Alain de Kerminihy, de même que Jean et Jacques de Kerminihy, probablement ses fils, cités dans des montres de 1379 ; Guézennec de Kerminihy est cité lors de la réformation des fouages de 1426 et d'autres ensuite, la dernière membre de cette famille étant Françoise de Kerminihy, qui épousa Alain du Plessis, seigneur de Missirien (Le manoir de Missirien se trouve en Kerfeunteun), le nom tombant alors en quenouille par absence d'héritier mâle. Pierre du Plessis, né vers 1545 et décédé en 1608 étant probablement leur fils.

Le manoir de Kerminy avait été édifié au XVIIe siècle par Antoine René Le Pappe, seigneur de Kerminihy ; à l'abandon dans la seconde moitié du XIXe siècle, la propriété est restaurée et son parc planté d'espèces exotiques par Émile Avril, ingénieur responsable de la construction de la voie ferrée, puis par son gendre le vicomte Aimé Édouard de Villiers du Terrage. Il est né le 17 décembre 1827 à Paris. Son père Édouard de Villiers du Terrage est l'auteur du « Journal et souvenirs sur l'expédition d'Égypte », publié en 1899 et ensuite le fis de ce dernier Marc de Villiers du Terrage (Marc de Villiers du Terrage (1867-1936), historien, membre de la Société des Américanistes, auteur notamment de "Les dernières années de la Louisiane française", 1904.

Source : « Histoire de la paroisse Rosporden » du père Henri Guirec, ed. Le livre d'histoire

Le château de Kerminy, un lieu chargé d’histoire, mais une histoire portée soit par la noblesse soit par le clergé.

La noblesse, c’est la famille De Pluvier, derniers habitants en date. Comme toutes les familles de haute naissance, elles fouillent ardemment leurs arbres généalogiques pour justifier leur existence : parce qu’elles sont là depuis longtemps, depuis toujours.

Le clergé, c’est le Père Henri Guiriec qui a écrit l’histoire de Rosporden dans la collection « Monographies des villes et villages de France ». Pardon, l’histoire de la paroisse Rosporden. Alors on voit l’histoire depuis l’église de « Rospo », éventuellement depuis la chapelle du château.

Et le Tiers, alors ? On connaîtra son histoire par l’association « Histoire et Patrimoine du pays de Rosporden », ou par les témoignages oraux des familles encore vivantes.

Mais trois histoires, est-ce que ça fait une Histoire ?

Le Père Guiriec a écrit le livre « Rosporden » en 1951. Déjà un autre siècle, mais quelques centaines d’années après Kerminy, ou le Minihy, comme on l’appelait alors, qui aurait hébergé les Hospitaliers de Jérusalem.

Il prend soin aussi de mentionner Monsieur de Villiers du Terrage, du château de Kerminy. La belle alliance du sabre et du goupillon. Le sabre qui pour l’instant est plutôt la pelle, puisque M. de Villiers aurait fait des recherches archéologiques.

Est-ce sur l’emplacement du château lui-même qu’étaient quelques tumulus ? Il y en avait un à Kerambroc’h, plus au sud en allant vers Rosporden. Quant à celui de Penbuel, ce serait juste après la forêt, au nord, sur la route de Coray.

Ce qui est beau avec le château de Kerminy, c’est qu’il porte en son nom une histoire d’hospitalité. Les Minihy, maisons des moines, étaient des monastères pouvant héberger et protéger les opprimés. Je ne suis quand même pas sûre que les femmes qui souhaitaient être libres pouvaient y aller. Et quand on y entrait, on était en danger si on en sortait. Charmante époque.

La première mention serait une chapelle isolée du IXe siècle, mais pas du tout à Kerminy : au bord du chemin d’Elian à Scaër. D’après M. de Villiers, c’était quand même sur le domaine. Et d’après le Père Guiriec, Le Minihy, même sans moine, avait de nouveau le droit d’asile.

Faut-il se battre pour être le premier sur des terres inoccupées et non cultivées ?

En tout cas, pour être enterré, les seigneurs allaient à l’Église de Rosporden, et non à la chapelle de Kerminy. Même s’il existait une statue de Sainte Madeleine dans la chapelle, qui daterait donc le lieu aux Hospitaliers de Jérusalem (à partir du XIIe siècle), même sans être un fief.

Le premier château féodal datait du XIIIe siècle, certes sur le domaine de Kerminihy, mais encore pas au château : c’était plutôt vers le Pont Bastard, en remontant au nord vers Tourc'h. Et encore, on n’est pas sur des seigneurs de Kerminihy, mais sur une motte féodale relevant de la famille de Rospreden ou des Ducs de Bretagne. N’en déplaise à la noblesse, elle n’arrive sur place qu’à la fin du siècle suivant.

À partir de 1364, après la guerre de succession en Bretagne, le Minihy de Rosporden devient donc un fief seigneurial, et ne bénéficie plus du droit d’asile. Mais parle-t-on d’un lieu se situant sur le Kerminy d’aujourd’hui ? Le château était-il celui-là ?

Les villes avaient pris parti pour la Bretagne ou la France, et le choix n’était pas le même entre Rosporden et Concarneau. Enfin, les villes. Les seigneurs, plutôt, j’imagine. Quel paysan voudrait aller mourir pour des idées ?

Vers 1450, les seigneurs de Kerminy participent à des travaux à l’Église de Rosporden. Du coup, ils ont leur caveau privé, avec leurs signatures – enfin, on dit « leurs armes ».

Si on parle d’un manoir de Kerminy en 1679, un manoir du XVe siècle, il est disparu depuis longtemps. Qui est là, qui a disparu ? Un château différent et du même nom, chargé d’une histoire commune, est-il le même ?

Le manoir était abandonné depuis la mort de Pierre du Plessis (quelle date ?), et Ursule et Marc Antoine viennent ré-investir les lieux. Leur fils, Antoine René, le restaure : « il conserva le logis principal, le donjon et la chapelle, et fit construire un autre corps de logis fermant la cour à l’Ouest. Ce bâtiment qui mesure 42 mètres de long, est tout en pierres de taille, d’un appareil soigné, mais très simple d’ornementations. Ses mansardes, avec frontons alternativement triangulaires et arrondis, rappellent le style du XVIIe siècle. Il est toujours en bon état, et c’est le seul reste de l’ancien château. »

Enfin, on a des détails sur le château de Kerminy d’aujourd’hui !

Vers 1675, révolte du papier timbré. Prudent, le seigneur de Kerminihy se retire à Quimper. Comme quoi, ce n’est pas parce qu’on baptise les métayers qu’on est si proche que ça d’eux.

En 1693, Antoine René a fait des siennes. Usurpation de noblesse : ça ne rigolait pas ! La juridiction de Kerminihy est supprimée. Yolaine de Goulaine et son mari Claude, qui avaient vendu Kerminihy à son père, en avait-ils le droit ?

Notons qu’à cet instant, le Père Guiriec dit que c’est Yolaine de Goulaine qui a vendu les terres, elle l’aurait même « dépouillé ». Les femmes avaient donc les droits de propriété, de vente et d’achat ?

Est-ce une injustice qui a été réparée par une décision ultérieure, et qui a donc privé Antoine René du droit de marier les rospordinois·es ?

La propriété fait alors 120 ha avec les réserves et les fermes, des domaines congéables (c’est quoi?) sur 450 ha et des fiefs. Dans les faits, le seigneur de Kerminihy avait des revenus sur 100 ha de terres. J’imagine que c’était quand même confortable, sans être faramineux.

La château est abandonné en 1694, puis ré-habité en 1718 par Anne Hyacinthe (de Kerminihy ?) et Joseph François de la Marche.

En 1724, la chapelle de Kerminihy est reconstruite par Joseph François de la Marche, là où on la voit aujourd’hui. Sont reconstruits le haut de la façade, le clocher et une partie des murs latéraux. Fenêtre en œil de bœuf et ornements sont caractéristiques de cette époque.

Sur le clocher, un cadran solaire avec les armes des Le Pappe (la famille de Anne Hyacinthe ?) et La Marche.

Le château est également restauré, mais on n’en saura pas plus.

Joseph François avait l’air d’être entrepreneur : il tissait même lui-même son linge.

Et il utilisait plutôt son argent pour restaurer le lieu que pour s’acheter des vêtements : trois vieilles culottes et trois vieux habits. Les revenus du château ne devaient pas être si importants. Même pas assez pour convaincre quelqu’un de marier l’héritière du château, Marie Louise de la Marche, qui se maria 24 ans plus tard. Ou peut-être n’avait-elle pas envie de s’encombrer d’un mari ?

Passons à la révolution. 1789, enthousiasme dans les campagne, on nomme un Comité de Conseil permanent. Mais sans revenu, donc cela ne suscite pas tant d’enthousiasme que ça chez la population !

Le chirurgien-major habite au Kerminihy. Il soigne même gratuitement les membres de la milice. C’est toujours ça de pris.

On y apprend donc que ce sont les militaires qui ont investi le château.

La seigneurie de Kerminihy cesse d’exister avec la suppression du régime féodal.

Marie Louise de la Marche et son mari Monsieur de Kerjean restent quand même propriétaires (« simples propriétaires » d’après le Père Guiriec). Les droits et autres redevances féodales étant supprimées, les revenus du château chutent.

À la mort de leur fille, en 1790, le couple quitte le château et se retire près de leurs petits-enfants.

Ce sera l’aîné, Joseph François Marie de Kermorial, qui reviendra s’y installer en 1815 avec son épouse, Mademoiselle de Kermellec, dans le bâtiment du XVIIe siècle.

Le château, lui, s’abîme tranquillement. Ceux qui veulent utiliser ses matériaux peuvent les prendre comme ils le souhaitent.

M. de Kermorial y prend lui-même des pierres pour construire des maisons de la rue du Moulin.

Il y a donc un peu de Kerminy dans cette rue.

Mais quand il meurt, les dettes et la succession sont trop importantes, et tout est vendu au fur et à mesure. Mme de Kermorial va habiter à Lorient avec ses enfants.

Le terrain est défriché, une nouvelle ferme est construite. Le château est habité par les fermiers et leurs animaux. La revanche du Tiers-État antispéciste sur la noblesse.

Quelques années plus tard, le château est acheté par M. et Mme Avril qui le restaure et l’agrandisse, et construisent des fermes pour les locataires. La chapelle sert de nouveau au culte. Les bois sont replantés.

Généalogie des habitant·es de Kerminy

Et à la fin du XVe siècle, catastrophe : Françoise de Kerminihy. C’est la dernière héritière du nom, la fin de l’histoire.

Jusqu’à la suivante. Françoise de Kerminihy se marie avec le seigneur de Missirien, de la famille du Plessis.

Faisons un petit saut de 100 ans pour revenir par les femmes.

Leur fils Claude épouse Yolaine de Goulaine qui vend la terre de Kerminihy à Marc Antoine Le Pappe dont la femme, Ursule L’Honoré était vaguement apparentée à Renée de la Marche. Quand même, ça reste un peu en famille.

Jusqu’à Marc Antoine et Ursule : personne au château

Ursule L’Honoré, dame de Kerminihy, marraine le fils d’un fermier en 1657.

Puis Le Pappe de Kerminihy, le fils (Antoine René ?), devient également parrain du fils de ce même paysan 10 ans après, en 1667.

Le rapprochement se fait !

1694-1718 : personne au château

Le domaine est alors partagé entre Pierre Le Pappe et Anne Hyacinthe, leurs enfants.

Pierre a le bâtiment neuf qui est le manoir actuel et d’autres terres.

Anne Hyacinthe a d’autres terres et le château. Elle devient donc la dame de Kerminihy.

Mais alors moi je suis perdue : qu’est-ce que le château de Kerminy d’aujourd’hui ? Le manoir de Pierre ou le château d’Anne Hyacinthe ?

Que ne faut-il pas faire pour apparaître dans des documents historiques. Et en plus, sur l’inscription de la cloche, son nom n’est même pas mentionné en entier. Juste Marie. Est-ce qu’on économisait déjà les caractères ?

1790-1815 : personne au château

Et avant

Le mésolithique en Cornouaille