PARKOURS Music Chapel
Équipe de création : Marina Pirot/Dominique Leroy | Antoine Freychet & (n)
Collaborateurs technique/multimédias : Jean-François Rolez
Collaborateur technique/architecture : Jean-François Leroy (architecte
DPLG)
Production : (n) (association loi 1901, Kerminy Rosporden)
→ Photo : Chapelle de Kerminy, Rosporden 2020
→ Croquis #1 pour Music chapel, Dominique Leroy, 10 mai 2020
Music Chapel est une architecture-instrument et une installation sonore qui active une musique de paysage. Une chapelle ancienne du sud Finistère entourée de séquoias géants dans un parc botanique longtemps laissé à l'abandon est convertie en instrument de musique météorologique. La chapelle est activée par le paysage, ses variables et ses éléments (le vent, le soleil, la pluie, la pousse de végétaux, les passages d'humains et de non-humains…) et devient résonateur de son propre milieu. Des liaisons se créent entre l’intérieur et l’extérieur, le passé et le futur de l’édifice. L’équipe de création fait appel à diverses techniques et savoirs acoustiques, botaniques, musicaux, somatiques, chorégraphiques, technologiques, théoriques, architecturaux, mécaniques, et invite à des plongées sensorielles. Les moments de création, d'exploration et d'écoute de Music Chapel font revivre ce bâti ancien dans son parc botanique longtemps fermé au public.
Le contexte : Kerminy, nouveau lieu de résidences et de recherches
d'agricultures en art
Music Chapel est initié conjointement à la création de Kerminy, un nouveau
lieu artistique sur la commune de Rosporden (Finistère sud).
Kerminy anciennement seigneurie de Kerminihy est un lieu patrimonial
composé d’un ancien parc botanique (pré-inventaire DRAC), d’un château
reconstruit au XVIIè, de dépendances, 12,5 hectares de prairies et de bois,
d’une chapelle dont certains éléments datent du XIVè siècle.
Kerminy est aujourd’hui un lieu de résidence artistique, de travail, de
recherches, de fabrications et de rencontres. Un développement agricole au
cœur du projet est ouvert à l'implication des résidents (permanents ou
temporaires).
Kerminy explore des méthodes de travail visant l'autonomie à l'intersection
de l'individuel et du collectif articulées à la spécificité du lieu.
La beauté du lieu et des bâtiments anciens dont certains comme la chapelle sont en ruine appelle au rêve et stimule l’imaginaire. Le site patrimoine bâti et végétal invite à se « poser », écouter et prendre le temps. Il invite au temps long et au processus créatif « étendu ». Ainsi, Music Chapel est pensé comme un long processus créatif qui s’installe progressivement au milieu des séquoias et de la chapelle multi-centenaires.
Music Chapel s’ancre sur un site patrimonial en régénération. À la fois instrument et architecture musicale, c’est une œuvre collaborative et interdisciplinaire qui fait appel à des compétences techniques croisées (architecture, acoustique, musique, pratique somatique…). Le processus créatif implique conjointement différents contributeurs qui interviennent sur de multiples facettes du projet. L'ensemble des activités sont en interrelation :
L’élément central de Music-Chapel est composé aujourd’hui de bouts de
pianos démontés puis ré-assemblés dans la charpente. Des cordes tendues
dans les séquoias transmettent le mouvement des branches dans la mécanique
acoustique faisant sonner les cordes du pianos (brosses, marteaux,
pendules…). Ce premier dispositif mécanique sera étendu à des installationsélectro-acoustiques à base de vibreurs solénoïdes solaires générant des
vibrations continues.
Music Chapel hérite des techniques utilisées dans l'histoire de l'art et de
la musique expérimentale. Par exemple, les pianos préparés de John Cage,
son œuvre Organ2/ASLSPn, une pièce pour orgue dans l'église Saint-Burchardi
de Halberstadt, en Allemagne, a débuté en 2001 et doit se poursuivre
pendant 639 ans, se terminant en 2640. les “Music machines” de Joe Jones
(artiste Fluxus), Jones a commencé à expérimenter avec des instruments
mécaniques en 1962, créant des objets comme des bateaux musicaux, des
parapluies musicaux solaires et un véhicule à pédales qui tirait des
instruments faits à la main sur des roues appelés “Le plus long jouet à
tirer du monde”.
Music chapel emprunte des techniques électroniques et numériques utilisées
dans des projets déjà travaillés par les artistes impliqués. Par exemple
les projets Jardin nô (installé dans plusieurs théâtres et lieux d’art
entre 2017-2019) utilise des petites mécaniques et des petits marteaux
frappeurs activés par des moteurs continus ou moteurs solénoïdes récupérés
sur du matériel informatique et autres machines. Les projets Inorgarden &
Swell (2005>) utilisent différentes techniques de captation météorologique
et de numérisation qui fournissent des variables sous forme de données qui
sont ensuite utilisées pour contrôler tel ou tel objet dynamique dans les
installations (haut-parleurs ou autres objets dynamiques).
Un travail se profile autour de la captation sonore et l’amplification au
moyen de technologies analogiques et numériques comme par exemple
l’exploration sonore avec des laryngophones et autres capteurs sonores au
contact de la table d’harmonie du piano, et l’utilisation de cartes sons
multi-voix pour la mise en place de haut-parleurs qui viendront renforcer
le son acoustique.
La toiture de la chapelle n’existe plus (détruite par la tempête de 1987), la vue est totalement dégagée sur le ciel et les 4 séquoias géants plantés en 1850 en sont la toiture-canopée. Cette toiture manquante devient la spécificité magique de cet espace. A l’intérieur de la chapelle, on se trouve à la fois dedans et dehors, à l’écoute du vent et des oiseaux dans les arbres et à l’écoute de l’installation émergente de Music Chapel, derrière l’autel. Il est donc possible de jouer et d’étendre ce jeu de perception du dedans et dehors, même imaginer retravailler partiellement une toiture avec des caractéristiques acoustiques et de résonances.
« Nous avons un passé ancestral qui fait de chacun de nos corps une portion
limitée et infinie de l’histoire de la Terre, de l’histoire de la planète, de son
sol, de sa matière. » (Métamorphoses, Emanuele Coccia, Paris, Rivages, 2020)Les explorations somatiques dansées dans la chapelle de Kerminy
mènent à des ateliers d’écriture de partitions pour une « écoute
sonomatique » lors des performances.
Les partitions hybrident le langage anatomique et physiologique
humain à celui de l’anatomie moléculaire végétale et celui des
matières minérales qui constituent la chapelle. Les temps d’écriture
articulent également des données historiques (issues de l’association
du patrimoine local, de témoignages du voisinage ou d’anciens usagers
du site) présentées lors d’ateliers. Les textes deviennent une
guidance pour une immersion dans « la matière de la chapelle » lors
des performances sonores ainsi nommées « sonomatiques ».
Les ateliers pour mener à des partitions d’écoute convoquent des
techniques de danse qui opèrent par coupe avec la verticalité, la
gravité et l’appareil sensoriel du système nerveux pour inviter à
suivre d’autres circulations depuis nos percepteurs sensoriels
directs, en écho avec la matière musicale travaillée.
Des explorations en Body-mind Centering® prolongeront des explorations perceptives issues du Body Weather Labortory (danse météorologique de Min Tanaka) pour offrir une expérience appuyée sur
des dénominations (biologiques et historiques) précises puis poétiques jusqu’à frôler la fiction. Tissage de récits d’expériences vécues.
La respiration, les micro-mouvements, les étirements (des fascias,
etc) entrent en écho avec les étirements de cellules végétales
pendant leur croissance et les lents déplacements minéraux des
pierres de la chapelle. Les récits se tissent et le corps écoute par
d’autres canaux que les pavillons de nos oreilles.
Il s’agit de travailler à partir de plongées perceptives puis de
danses de sensations, de relations à l’espace dans ses différentes
couches, jusqu’à l’infra-mince, et aux micro-phénomènes : le vent ou
un insecte soulevant une feuille, le déplacement d’un insecte sur une
pierre, la sensation de la plante des pieds foulant le sol et son
histoire, etc.
Il s’agit d’entrer en relation avec les perceptions et l’atmosphère autant qu’avec un enchaînement de sensations qui sont autant de modes de rencontres avec les phénomènes et existences vivantes de la chapelle-instrument.
Divers types de performances activeront ce projet artistique : -Les « performances sonomatiques » sont des lectures partitions précédant et s’intriquant dans l’écoute. de textes- -Les performances - concerts de musiques improvisées et piano entrant en interrelation avec un maillage textuel invitant à des plongées sensorielles d’écoute. Le son infiltre des flux corporels offrant d’autres circulations dans un lieu-instrument duquel émane une perception diffractée et un sens pluriel du paysage-histoire-musique. Les œuvres pourront aussi être diffusées en écoute distante.
Le troisième volet de notre projet consiste en une recherche théorique en
parallèle de la réalisation de l’installation sonore et des ateliers,
performances et autres événements qui se tiendront dans la chapelle. Elle
sera en dialogue avec la vie artistique du lieu, et pourra venir influencer
les manière de l’habiter, de le penser et de le sentir.
Elle inclura des réflexions sur : 1) les types d’écoute que déploie Music
Chapel, avec des développements sur les interactions entre les sons de la
table d’harmonie et le reste du paysage ; 2) le travail collectif de
l’écoute et sur le partage des expériences ; 3) l’impact esthétique de
notre relation au temps historique.
Cette recherche puisera dans les réflexions autour des esthétiques situées,
atmosphériques, participatives, immersives, documentaires, du quotidien,
etc., et tentera d’éclairer l’endroit où la musique et les arts sonores
convergent avec l’écologie, en l’écoute comme mise en relation d’un sujet
(ici le sujet de l’écoute) avec son milieu environnemental (écologie
environnementale), avec les autres êtres humains, et non humains (écologie
sociale), et avec sa propre subjectivité (écologie mentale).
Pour ce faire, elle convoquera des champs disciplinaires tels que la
philosophie (notamment les philosophies du lieu), l’esthétique (esthétiques
environnementales, esthétiques de la transition), l’analyse musicale
(analyse des paysages sonores, des ambiances sonores, des textures sonores,
etc.), l’histoire (histoire sociale, histoire des paysages), ou encore
l’anthropologie (anthropologie des pratiques du paysage). Elle s’appuiera
également sur la collecte de témoignages des personnes expérimentant le
lieu (habitants de Kerminy, artistes en résidences, visiteurs, etc.
L'architecture est non seulement un espace acoustique où il est possible de se recueillir pour écouter mais est un objet sonnant dans le paysage, un résonateur dont les vibrations subtiles jouent avec le paysage et sont perceptibles dans le paysage (nous pouvons percevoir le son à l'intérieur de la chapelle mais aussi à l'extérieur et différemment en fonction du temps, de la journée, de la météo) et à différentes distances.
Un instrument météorologique activé par les variables du temps (vent, pluie, prévisions météo…). Un assemblage complexes d'éléments naturels et techniques (organiques, mécaniques, électroniques, numériques) permettent de relier des phénomènes imperceptibles et distants (dans le temps et l'espace), de les amplifier et de les sonifier. L'instrument sonifiant les prédictions météo, il est poètico-pratique, il aide les jardiniers du lieu à anticiper la météo pour préparer les tâches agricoles (semis, préparer les tempêtes et orages…).
L'instrument chapelle n'est jamais terminé, c'est un chantier d'expérimentation permanent en évolution dans lequel il est possible de venir améliorer, réparer, agencer des éléments acoustiques, mécaniques, électroniques, numériques. Il est aussi possible de jouer, danser avec.
Music chapel est constitué d'une chapelle (la chapelle de Kerminy). Le toit étant manquant il est possible d'en réinterpréter la forme, la fonction, les caractéristiques acoustiques pour en faire une toiture acoustique mêlant le bois et des parties métalliques mobiles. D'éléments de pianos démontés puis ré-assemblés dans la charpente et d'un ensemble de dispositifs de captations et d'activation des cordes (capteurs, servo-moteurs, solenoides, brosses, marteaux, pendules…).
Nous proposons de refaire cette toiture en hybridant les caractéristiques d'un instrument de musique, ici le piano et des techniques de charpente. La toiture pourra ainsi devenir table d'harmonie et structure résonnante, elle pourra éventuellement s'ouvrir entièrement où en partie comme la partie ouvrante d'un piano pour laisser le son s'échapper à l'extérieur.
Music chapel emprunte des techniques déjà utilisée dans plusieurs projets travaillés par Dominique Leroy et Jef Rolez comme Jardin nô (spatialisation de petites mécaniques et de petits marteaux frappeurs), Inorgarden & Swell (installation sonore météorologique de paysage), Tube (un instrument de paysage dans la campagne Tcheck), ZINK (Une installation sonore avec un orgue dans une église d'Hasselt) : www.dominiqueleroy.info
Music Chapel hérite aussi de l'histoire de l'art et de la musique : Les piano préparés de John Cage, son œuvre Organ²/ASLSPn, une pièce pour orgue dans l'église Saint-Burchardi de Halberstadt, en Allemagne, a débuté en 2001 et doit se poursuivre pendant 639 ans, se terminant en 2640. les “Music machines” de Joe Jones (artiste Fluxus)…
iIUcS57DXAM → ,,Joe Jones, Music Machine, 1971,,
kc3-C7Lnzh0 → ,,David Greilsammer - John Cage - “prepared piano”,,
Music Chapel débute dès 2020 à l'arrivée à Kerminy, le processus de “restauration” de la chapelle fait partie intégrante du processus artistique, aussi nous proposons d'introduire une table d'harmonie de piano dans la chapelle avant les opérations de nettoyage et de défrichage. Les moments de chantier sont des moments d'écoute, le piano est là pour nous le rappeler et peut recevoir des branches, brindilles, gouttes d'eau pour le faire sonner. Les phases successives de cette création sont documentées sur cette page web.